Finalement, nous sommes un bon petit groupe qui va probablement se suivre jusqu’à la fin de la course. Au final, AKENA a pris plusieurs bonnes décisions et nous a rejoint. Je suis content pour lui mais je n’apprécierais pas qu’il me double pour autant...
La météo s’annonce compliquée, notamment après la prochaine porte. Il y a une dépression qui ne veut pas descendre au sud et qui se déplace vers l’est, ce qui fait que nous devrons garder un cap très serré vers le Horn pendant 24 heures, très probablement avec 3 ris, la trinquette ou le tourmentin. Mes fichiers annoncent 35 nœuds mais je parierais plus sur 40 avec des rafales à 50. A 1 000 milles du cap Horn, nous aurons droit au pire temps de tout notre séjour dans le sud... Ce ne sera pas une partie de plaisir.
Après la porte, il y aura un coup tactique à jouer. Dans les premières 24 heures, il faudra simplement faire cap vers le Horn. Le problème étant que si l’on va trop vite, les conditions météo peuvent devenir dangereuses et mettre en danger le bateau. Ce qui, personnellement, ne me dit pas trop... Je suis parvenu à faire en sorte que le bateau se porte bien pour pouvoir affronter l’Atlantique sud à 100%. Excepté mon safran. Mais si je dois ralentir un peu pour laisser passer le plus gros de la tempête, je le ferai par mesure de sécurité. Mais j’espère qu’elle s’éloignera un peu pendant les prochains jours et qu’elle ne sera pas aussi rude qu’elle l’est actuellement.
La situation a l’air également compliquée à 400 milles du cap Horn, mais cette fois-ci à cause de basses et hautes pressions en formation. Ce qui présage beaucoup de vents variables. Ce ne sera qu’à ce moment là que nous pourrons voir comment évoluent les choses.
Pour le moment je suis content de ma position. Nous en sommes au 55ème jour et j’en suis à 5 ou 6 du cap Horn. C’est une bonne chose après tous les problèmes que j’ai rencontrés. Mais mon rêve est d’abord de finir la course sous la barre des 90 jours... Ce qui est faisable, les chiffres concordent. Reste à voir comment se présente la remontée de l’Atlantique, plus particulièrement la partie sud qui peut faire office de loterie.
Le bateau va bien. Hier j’ai cassé un chariot de grand-voile lors d’un empannage dans 32 nœuds de vent. J’avais alors 2 ris et mon foc jib top et le lazy jack bâbord a lui aussi lâché. Ce ne sont pas des problèmes majeurs étant donné qu’il fait beau, et j’aurai arrangé les choses d’ici deux heures sans perdre de temps.
Après avoir passé presque une semaine dans le brouillard et sous les nuages, j’ai dû allumer mes hydrogénérateurs par deux fois, et tout est ok. Quand il y a de la brume et des nuages très bas, ça se ressent sur les panneaux photovoltaïques : ils ne produisent plus que 18 ampères à 50 volts, ce qui reste quand même pas mal sans soleil.
La vie à bord a été difficile ces dernières 24 heures, avec beaucoup de manœuvres de voiles et de matossage. Aujourd’hui c’était la folie ! En une heure, je pouvais passer de 19 à 40 nœuds de vent à 35 degrés. Il se stabilisait parfois à 11 nœuds, parfois à 27... Tout était une question de minutes : je remplissais les ballasts, puis les revidais... Heureusement que ces rafales n’ont duré que quelques heures.
Le pilote accompli un travail incroyable. Il met parfois des « coups de rame » de 20 degrés pour maintenir le cap. D’habitude il ne dépasse pas les 8 mais à cause du bout manquant à mon safran, il doit compenser.
Il fait plutôt froid, je porte tous mes vêtements chauds. Hier, j’ai sorti une nouvelle tenue résistante à l’eau et j’ai senti la différence ! J’ai toujours les pieds gelés. De nouveau secs, mais gelés quand même. Je vais peut-être utiliser ma mini bouillotte et vous en enverrai une photo.
Relai courtois de l\'article . Merci Vendée Globe
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