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Javier Sansó dans le brouillard

Hier, le soleil est sorti pour la nouvelle année et je suis enfin sorti du brouillard qui me suivait depuis trois jours. J’ai même eu chaud et en ai profité pour faire sécher mon sac de couchage et d’autres choses. Ce fut vraiment agréable de revoir le soleil.

Après avoir empanné et recommencé à faire cap vers le Sud, le brouillard est revenu. Avec 16 à 22 nœuds de vent, j’ai troqué mon grand gennaker pour l’A5 (voile d’avant) car le vent vient du côté de mon safran cassé et gonfle énormément les voiles. Le pilote a beaucoup de mal à garder le bateau équilibré mais dans tous les cas, l’A5 ira mieux que le grand gennaker.

Depuis le pont, il fait assez noir avec une visibilité à 300 mètres. Mais parfois ça s’obscurcit tellement que je ne vois même plus le haut du mât. L’humidité avoisine les 92%, le vent souffle à 22 nœuds. J’ai l’impression qu’un iceberg va surgir tous les 100 mètres. C’est assez angoissant d’avancer sans radar dans cette brume, ne serait-ce que pour savoir s’il y a quelque chose de l’autre côté.

Je suis monté au mât hier pour essayer d’arranger le radar. J’ai entièrement démonté l’antenne pour chercher un éventuel câble débranché ou quelque chose qui empêcherait l’antenne de tourner. Je ne suis pas expert en radars mais il arrive que le problème se résolve facilement. Mais pas cette fois.  Tout avait l’air bien branché, je pense donc qu’il s’agit d’un problème au niveau d’un câble à l’intérieur du mât qui a dû se rompre à force de recevoir tant de coups. Ou alors l’antenne s’est cassée, c’est aussi une éventualité.

Hier, à cause de ces trois jours de brouillard, j’ai allumé un de mes hydrogénérateurs pour la première fois dans l’hémisphère sud. Je voulais absolument voir s’ils fonctionnaient bien et vérifier que tout était en ordre car j’en aurai très certainement besoin dans l’Atlantique et ce n’est pas toujours bon de les garder éteints aussi longtemps. Je l’ai utilisé pendant 3 petites heures et il a parfaitement bien marché. Quand le soleil est apparu, j’avais mes batteries chargées à 100%.

Apparemment ça ira très vite jusqu’au cap Horn, mais avec une météo relativement compliquée. Une énorme tempête se trouve en plein sur notre chemin et elle a l’air plutôt bien installée, sans être pressée de dégager la porte. Les fichiers météo prévoient des vents de 35-36 nœuds mais ils pourraient bien être de 45 voire 50. Et ça ne me ferait pas rire du tout de casser quelque chose à 1 000 milles du Horn. Ça fait maintenant une trentaine d’heure que je navigue de nouveau à fond et je ne vais pas tarder à passer en mode « survie », c’est à dire continuer de naviguer rapidement tout en levant un peu le pied pour rester prudent et garder le bateau bien toilé. Je perdrai sûrement quelques milles par rapport à ceux de devant mais la remontée de l’Atlantique sera une tâche compliquée. Il reste encore du chemin ! Mon plan de routage me fait maintenant passer le cap Horn le 8 janvier et des brouettes. J'espère que ce sera le 8, sans les brouettes !

Nous nous sommes tous regroupés, les écarts vont maintenant se stabiliser. J’espère poursuivre avec ce bon rythme et continuer de récupérer des milles à ceux de devant.

 

Relai courtois de l\'article . Merci Vendée Globe
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