Archives

Nuit au coeur d’une dépression pour Dominique Wavre

Après 24 heures passées à manoeuvrer dans des conditions instables et molles pendant que mes camarades tontons profitaient d'un flux établi pour se faire la belle, je viens de vivre 12 heures d’une furie glaciale.
 
Au beau milieu d'une nuit noire opaque, le vent est subitement rentré à 45 noeuds accompagné de grains, de pluie glaciale et torrentielle. Pour illuminer ce spectacle de fin du monde, de puissants éclairs plongeaient dans l’océan tout autour de nous !
 
Le troisième ris pris dare-dare, le bateau lancé pleine balle je reste dans la véranda un moment télécommande de pilote à la main, fasciné par le spectacle, je reprends mon souffle en attendant la prochaine manœuvre qui ne saurait tarder.
 
Ça mollit un peu, j'attends que ça se confirme et je relâche le 3ème ris. Le vent adonne aux premières lueurs du jour, cette fois j’aperçois le prochain grain qui nous fonce droit dessus. Il est franchement noir, j’ai l’impression que la nuit a décidé de revenir sur nous ! Il est puissant, le vent monte, le bateau accélère, ça avoine, c’est parti pour des pointes à plus de 25 noeuds !
 
Le vent adonne franchement avec l’arrivée du front froid, il va falloir empanner dans pas longtemps et saisir le moment pour le faire. Je me concentre bien, surtout ne rien oublier, et c’est parti ! Solide montée d’adrénaline lorsque la grand-voile passe et balaye le bateau, je suis en nage mais tout est sous contrôle. Dans ce genre de manœuvre il y a largement de quoi casser du matos.
 
Au passage du front les bourrasques atteignent les 40 noeuds, le vent du sud est glacial, mais pour l'heure je suis loin d’avoir froid ! Le vent se maintient, je déroule la trinquette et roule le foc, le bateau ralentit à peine, je lofe pour faire la route.
 
C’est dommage de vivre ça tout seul, alors je prends la caméra pour un petit film envoyé à terre. Le front s’éloigne et le vent se calme à nouveau, il est temps pour un bon café chaud bien mérité ! Il va falloir d’ici peu renvoyer de la toile, vider un ballast etc...
 
C'était, vu de l'intérieur, le passage d'une solide dépression de l'océan indien et dont le centre n'était vraiment pas loin !
 
Dom

Relai courtois de l\'article . Merci Vendée Globe
Lire les articles de Vendée Globe