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Les mots de la nuit d’Arnaud Boissières

Bonjour,

This is the END or Not ?

 » Si c’est la fin du monde, les mieux protégés seront ceux en mer ». Ouf alors !

Donc je vous écris mais peut-être que le monde tel que je l’ai connu le 10 novembre n’existe plus. Je vais vers un monde meilleur, sans souffrance, sans malheur, fait de coquelicots et de fleurs bleues…

Bon je m’égare à rêver à un monde meilleur, mais celui la est peut-être pas si mal.

En tout cas, on est encore 13 à en faire le tour. Avec ma véranda, on est 10ème, même si à travers les classements, on ne voit pas forcement grand chose, je peux vous dire que je m’arrache pour revenir avec mon bel oiseau noir.

Je ne désespère pas, à force de travail, on arrive toujours.

C’est assez énorme de faire un deuxième tour du monde en solitaire en 4 ans. Sur les 13, on n’est pas si nombreux à avoir ce privilège là.

Non, ce n’est pas un maigre réconfort. Il faut y croire et j ‘y crois sincèrement.

Je regarde toutes les trajectoires et routes, il y a vraiment 13 belles navigations.

J’ai un regard tout particulier sur mon ancien bateau qui fait un périple formidable (son 4eme Vendée Globe).

En ce moment :

C’est l’Alize Indien avec 20 degrés de moins quand même et des Albatros en plus au portant avec une belle houle et quelques grains éparses. Hier après midi, en changeant de gennaker, je me suis surpris à une grosse fatigue. Accumulation de la semaine de shaker et d’auto tamponneuse.

Du coup, grosse sieste + lecture + musique = pleine forme !

Sinon très bel ouvrage que les Salaries d’Akena m’ont offert (merci a eux): Femme Oiseaux sur les Indiens de la Grande Foret (à lire forcement dans l’ocean du même nom) !

J’ai réussi à faire sécher le linge mouillé. Je le passerai à la femme de ménage qui vient dimanche.

Pour moi c’est l’heure de se mettre à table. Menu d’avant fête, un excellent Couscous (préparer avec amour par Tito le gourou de MX3 aux Sables évidement), un thé vert.

Salamalecum (en pensant à mon ami le Roi du Maroc, stef)

J’espère que j’ai été sage cette année et que le papa noël va me gâter….

J’écoute un coup « la fille du père Noel « de Dutronc (ou la version Bijou pas mal aussi, ça envoie) et Renaud (reprise Brassens) « Le père Noel et la petite fille. »

Bon préparatif et pas de folies!!!

Arnaud

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Match race dans l’Ouest

Antiméridien passé hier en début d’après-midi, François Gabart (MACIF) et Armel Le Cléac’h (Banque Populaire) naviguent officiellement dans l’Ouest ! Même si la route est encore très longue avec un peu plus de 10 000 milles sur la trajectoire la plus courte vers les Sables d’Olonne, le changement de lettre sur le tableau des longitudes, passé de E pour Est à W pour West (ouest en français) donne du baume au cœur aux coureurs d’océans, un regain de fraîcheur aux organismes fatigués. Et il en faut ! Devant, la bataille fait toujours rage. Dans le sillage des leaders, la lutte ne faiblit pas non plus, malgré les soucis techniques de certains. C’est la grande ruée vers l’hémisphère ouest !

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Dominique et sa délégation européenne

Aujourd’hui le bateau a du mal à se lancer dans les longs surfs dont on aurait envie. Les vagues sont plutôt courtes et certaines plus abruptes lancent le bateau dans des surfs endiablés, envoyant l’étrave buter dans la vague de devant dans un coup de frein désagréable !

Nous voici au Sud de l’Australie, bientôt la Tasmanie, où nous devrions encore rencontrer quelques calmes, avant l’arrivée de la prochaine dépression.

C’est étonnant que Mike, Javier et moi soyons réunis, comme une délégation européenne en pleine Océanie, et même si les bateaux ne sont pas de la même génération nous avons quand même en commun le même architecte anglais Merfyn Owen.

Ce petit aparté me fait sourire, et me demander ce que doit penser Merfyn de voir ses 3 bateaux ensemble. Il faudra que je pense à l’appeler pour lui donner des nouvelles de son bateau !

Pour l’heure je vais aller chercher un fichier météo, une tâche que j’accomplis environ 3 fois par jour, cela me permet de vérifier ma stratégie long terme, de la modifier, de l’ajuster, et aussi de vérifier les mauvaises tempêtes qui pourraient nous dévaler dessus en provenance directe de la mer de Tasmanie.

La nuit est posée sur nous et la lune refait enfin de timides apparitions, un mince croissant apparait de temps en temps en se faufilant entre les nuages qui prédominent dans ce ciel indien. Elle est montante et nous permettra sous peu le confort des « nuits américaines »… Enfin, si les nuages lui laissent le passage et ça, ce n’est pas gagné !

Ce qui est sûr pour l’heure, c’est que je vais m’offrir un bon café !

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